Avec le soutien de la Direction de l’instruction publique et de la culture du canton de Berne, les écoles primaires et secondaires du Grand Chasseral et de Bienne se sont associées à la Fondation Digger, sise à Tavannes, pour collaborer au financement d’une machine de déminage destinée à l’Ukraine. Cette démarche, une première en Suisse, vise à se répandre, à terme, au-delà des frontières cantonales.

Créée en 1998 par Frédéric Guerne, la Fondation Digger est active dans la construction de machines de déminage. Elle lutte dans de nombreux pays du monde où la présence de mines, véritables instruments de mort, est d’une ampleur catastrophique. Lorsqu’il s’agit d’évoquer une mission qui lui est chevillée au corps, le directeur de la fondation est inarrêtable. Cette collaboration avec les écoles du Grand Chasseral et de Bienne est une expérience inédite en Suisse. Toutefois, elle trouve son inspiration dans une action similaire qui avait été menée en 2008 par des écoles autrichiennes pour financer une machine au profit de la Bosnie. « C’est un projet fou né au cours d’un brainstorming qui m’a mené au bureau de la directrice de l’Instruction publique et de la Culture, Christine Häsler », se souvient Frédéric Guerne. Très attentive, la conseillère d’État a promis d’apporter son soutien si des directeurs et des directrices d’école décidaient de s’engager dans la démarche. « Pour Mme Häsler, il était essentiel que la demande émane de la base. Intéressée, elle est venue visiter nos locaux de Tavannes. »
Ainsi, au terme de plusieurs présentations, les écoles de la région se sont décidées à concourir à la recherche de fonds d’un projet ambitieux. « On souhaite récolter 1 million de francs qui couvriront la machine, son entretien et son transport jusqu’en Ukraine, ainsi que la formation des démineurs. » Les écoles travailleront sur deux axes : le premier vise à promouvoir, auprès du grand public, le lien qui accueillera le financement participatif du projet (heroslocaux.ch/action-ukraine-ecoles). Le second, pour les écoles intéressées, consiste en l’organisation d’événements pour récolter de l’argent.
Déminer un pays encore en guerre
Le déminage d’un pays en guerre n’est-il pas une action vaine ? Pourquoi déminer alors que les surfaces peuvent être de nouveau minées ? Profondément humaniste et persévérant, Frédéric Guerne est clair sur le sujet : « Si un paysan peut utiliser son champ ne serait-ce qu’un an de plus, c’est un moment où ses conditions de vie s’améliorent. Il a pu travailler. » Autre exemple, un partenaire de la fondation est intervenu sur un terrain de football à Kherson, en Ukraine. « Les élèves ont retrouvé une certaine normalité par la pratique du sport. C’est bon pour le moral et ça donne du courage ! »
En tant que grenier à blé de l’Europe et d’une partie du monde, les terrains agricoles ukrainiens sont souvent entre les mains de groupes agroalimentaires qui les cultivent selon des méthodes d’agriculture intensive qui appauvrissent les sols. Dans le cadre de ce projet, la fondation a pour ambition que la machine financée serve prioritairement aux petits agriculteurs et d’y inclure, à court terme, un volet de sensibilisation à l’agriculture durable.

L’enthousiasme est palpable
Par le passé, la fondation a déjà accueilli des élèves dans ses locaux : « Plutôt dans un but pédagogique, il n’y a jamais eu de volonté de travailler sur des collectes de fonds avec les jeunes. » Toutefois, ces visites ont parfois des effets inattendus. « Un jour, un groupe d’adolescents est arrivé avec une enveloppe contenant 57 francs, c’était touchant », se souvient Frédéric Guerne.
Concernant l’action avec les écoles, la dynamique ne s’arrête pas là. L’enthousiasme est tel que l’école professionnelle ceff COMMERCE s’est engagée dans la démarche en proposant à ses élèves d’axer leurs travaux de diplôme sur des projets utiles à l’action des écoles et de Digger. Comme le relève Frédéric Guerne : « Au-delà du résultat de la collecte de fonds, ce qui est important, c’est la mobilisation des jeunes de notre région. En soi, c’est déjà une belle victoire ! »